Mon blog

05/04/2005


Bon, ça y est. Il faut que je m’y mette. Je commence mon blog puisque c’est très «tendance».
Et puis j’ai promis. J’ai promis aussi de ne pas raconter ma vie, uniquement l’enregistrement de l’album, enfin MA vision de l’enregistrement de l’album, avec tout ce que ça comporte de doutes, de remises en causes, de moments exceptionnels mais aussi de périodes où il faut souquer ferme pour ne pas que le navire prenne l’eau.
J’ai tendance à beaucoup douter… et puis j’ai un tel souvenir de l’enregistrement et du mixage de «l’homme» à la fois merveilleux et épuisant – tant physiquement que psychologiquement – que je me dis que ce petit blog pourra peut-être m’aider à passer les caps difficiles. Il faut que j’arrête avec les métaphores maritimes, ça commence à devenir lourd. Ajoutons à cela mon habituel petit côté exhibitionniste et j’ai largement de quoi justifier cette initiative.


Bon, et puis je le fais tout simplement parce que l’enregistrement d’un album est le plus grand moment de ma vie de musicien. Voilà c’est dit.
Je ne fais pas partie des musiciens qui disent : «Pour moi, la scène, le contact avec le public, comptent plus que tout, c’est ma raison de vivre». J’adore les concerts, mais je crois que j’ai toujours préféré le fait de créer une chanson à celui de l’interpréter.
Sans doute mon côté mégalo : un concert ça passe, une chanson, ça reste. Je pourrais la faire écouter à mes petits-enfants dans quelques années, ils écouteront pour me faire plaisir tout en me prenant pour un horrible ringard. «Vous savez les petits, c’était une époque étrange : les gens achetaient des disques ! Il y avait même certains artistes qui gagnaient leur vie avec leur art !» mais je sais qu’ils ne me croieront pas. Comme quand mon grand-père me racontait qu’il avait mangé des rats à Verdun.


Tout ça risque un peu de casser le mythe, c’est jamais bien bon de montrer l’envers du décor. D’un autre côté, c’est le genre de choses que j’aimerais bien savoir si j’étais de l’autre côté de l’histoire. On verra bien.


Si je décide d’attaquer maintenant, c’est parce que certaines décisions ont été prises : nous enregistrerons l’album sur deux mois, en juin et juillet prochain au Studio Evercom, à Vaise, avec Sébastien Rossi aux manettes. Le mixage se fera à Paris, au studio «Au fond du couloir» avec Patrice Lazareff. L’objectif est de sortir la galette à la rentrée de septembre, enfin, comme d‘hab, on sait très bien que ça va traîner un peu et que ce sera octobre…
Avec Sébastien, on a déjà fait quelques maquettes. Je ne m’inquiète pas. Il est aussi motivé que nous. Aussi couillon que nous également. On devrait faire du bon boulot, en prenant notre temps… et dans une bonne ambiance.
Patrice, c’est une histoire étonnante, le genre de petit signe du destin qui me font dire (à moi qui pourtant ne crois pas en grand chose à part à la victoire de l’OL en Champions League) : attention, il ne faut pas passer à côté de ce truc là.
Il y a quelques mois, alors que nous cherchions quelqu’un pour produire artistiquement notre album, je reçois donc un mail de Patrice Lazareff me disant en gros : « Salut Stef, la première fois que j’ai fait « play-record » dans un studio d’enregistrement, c’était en 1985, alors que j’étais assistant d’Yves Rothacher au Studio Grange, la chanson s’appelait « Opéra » et le mec dans la cabine de prise de son c’était toi. Ca devait être votre premier enregistrement en studio également. 1995 : je réalise le mixage de l’album EXIT 1 au studio de l’Acienda. 1985, 1995, nous sommes en 2005, … c’est donc l’occasion de refaire quelque chose ensemble… »


Entre temps, Patrice a travaillé avec Charles Trénet, les Stones,Voulzy, les Rita Mitsouko, Prince ou Jean-Luc Ponty… c’est un garçon exceptionnel, intelligent et cultivé et qui a toujours continué à suivre le groupe malgré l’éloignement géographique. Je lui ai donc (et je continue) envoyé des maquettes des nouveaux titres. On a très vite été sur la même longueur d’onde en ce qui concerne l’état d’esprit à donner à l’ensemble.


La liste des titres que nous allons enregistrer est également calée (même si on se réserve le droit d’inclure un titre de dernière minute, comme ce fut le cas pour «l’homme» avec «j’ai croisé un ange…» (qui avait été faite juste avant d’entrer en studio). Il y aura donc 17 ou 18 titres enregistrés. Nous ne sommes par contre pas encore décidés sur l’utilisation de toute cette matière musicale. Va-t-on faire un seul album, efficace, avec les 13 ou 14 meilleurs titres du lot ou osera-t-on faire une double-galette, avec pourquoi pas une partie DVD et des surprises… Même si j’ai déjà ma petite idée là-dessus, on laisse la porte ouverte aux deux solutions. Il est probable que cela ne se décide même qu’une fois les enregistrements réalisés.

 

12/04/2005


Une autre chose est sûre : l’album va s’appeler «Tout doit disparaître». J’ai eu un peu les boules l’autre jour en tapant « tout doit disparaître » sur Google et en découvrant qu’un groupe avait déjà sorti un album s’appelant comme ça en 99, les Thugs. J’ai failli tout laisser tomber et me mettre à chercher un autre titre et puis non. D’abord, tout le monde s’en fout des Thugs et toute personne normalement constituée qui ne passe pas sa journée sur Google n’a jamais entendu parler de leur album. Alors on garde « Tout doit disparaître ».
En plus, les Thugs, c’était leur album posthume, juste avant de se séparer. Alors que nous, non. Enfin je ne crois pas. Avec un titre comme ça, c’est sûr, les plus naïfs vont penser « Ca y est, les Noz tirent leur révérence. ». Les plus perspicaces se souviendront qu’on avait déjà fait le coup avec Exit…


Bon, il y a plein de raisons objectives à ce que l’album s’appelle comme ça – je vais y revenir – mais il y a aussi sûrement un truc qui me plait dans le fait de donner l’impression que c’est la fin. Pas pour la jouer « je fais mes adieux », non. Plutôt parce qu’en fait je pense qu’au fond de moi, je fais vraiment chaque album comme si ça risquait d’être le dernier. Je fais beaucoup de choses, il faut dire, comme si c’était la dernière fois. J’ai toujours l’impression que je vais mourir la semaine prochaine. C’est aussi pour ça que nos albums sont en général remplis à ras-bord : j’ai beaucoup de mal à me dire « Tiens, ce titre là, on le garde pour le prochain ».
J’ai sûrement un problème avec la mort. Il faut que j’en parle à mon psy. Merde, je suis con, j’ai pas de psy ! J’écris des chansons !
En tout cas, ça ne me rend pas triste, au contraire, ça fait de moi quelqu’un qui profite de la vie comme personne. Je suis du genre à me lever le matin et à m’extasier d’un tas de petites choses : un rayon de soleil, le frigo qui est rempli, la lumière qui s’allume quand j’appuye sur le bouton, les toastes qui surgissent tout seuls du toasters…Tous les matins je me dis que j’ai une chance de dingue, que c’est un miracle que je sois – encore – là.


Mais je m’égare. « Tout doit disparaître donc ». Et c’est bien le problème. En tout cas, ce titre s’est imposé très vite (pour une fois) et tout naturellement.
Il y avait bien sûr ces textes beaucoup plus engagés que d’habitude : J’empire, Le match du siècle, Pas sur la bouche… Des textes engagés, j’en avait déjà fait avant, mais un ou deux par-ci par-là. Il y avait eu « Marianne » bien sûr, ou « L’homme… », mais c’était toujours par petite dose, toujours un peu honteux, avec l’air de dire « excusez-moi, c’est pas mon truc, c’est juste une parenthèse ». Et puis là non. C’est tout sorti à la chaîne, très vite, ça n’arrêtait plus, je devenais chanteur militant…Il faut dire que je suis de plus en plus énervé par de plus en plus de choses, de plus en plus de gens. Alors « tout doit disparaître », c’était parfait : le double-sens comme je l’aime. « Venez, venez, consommez, bonne gens, avant fermeture définitive du magasin ! De toute façon, nous allons bientôt tous mourir ! »
Et puis quand je relisais les autres textes, mes petites histoires sur les grands sentiments, la séparation, la fin était là, chaque fois (comme d’hab’ je sais) évidente ou latente. Tout doit disparaître.
Enfin, il y avait les Maldives. La vague qui balaye tout. La chanson a pris une autre raisonnance (chez les autres mais aussi chez moi) après le tsunami. Rien que pour cette chanson, l’album aurait pu s’appeler comme ça.
En relisant tout ça, je me dis que cet album va être sombre, très sombre. Beaucoup plus que « l’homme » bien sûr mais peut-être plus que tous les précédents (qui ne faisaient pas dans le comique troupier je vous l’accorde). C’est bizarre, alors que je n’ai jamais eu l’impression d’être aussi bien dans ma vie personnelle. Il faut que j’en parle à mon psy. Merde, je suis con ! J’ai pas de psy ! J’écris des chansons.

 

25/05/05


Bon, grâce au forum de ce site – et grâce à l’esprit d’analyse de certains forumeurs – je sais désormais que notre prochain album ne sera pas sombre… mais rageur. Enfin un peu sombre quand même. Mais pas trop. La preuve : je viens de terminer le texte de « Cameron Diaz ». C’est la première fois que j’écris un truc comme ça. Je me suis bien amusé en l’écrivant. J’espère que les gens s’amuseront en l’écoutant. D’habitude, je ne suis pas très « images », mais là, j’ai déjà le clip dans la tête. On l’enverra à Cameron. Après, ou bien elle me fait un procès, ou bien elle me demande en mariage. Dans les deux cas je suis un peu dans la merde vu qu’il n’y a pas de place pour Cameron dans ma vie. Désolé Baby.


A part ça, la préparation de l’album se poursuit. On parle beaucoup en ce moment, surtout avec Manu et Alex. Ca fait bien longtemps que je n’avais pas senti le groupe aussi motivé sur un projet.

Patrice Lazareff est venu à Lyon pour visiter le studio et préparer l’enregistrement (les nouvelles photos sur le site sont extraites de nos « réunions de travail »…). On a écouté beaucoup de choses ensemble, recherché des disques de références, réfléchi à l’état d’esprit que l’on veut donner à l’album. Je crois qu’on est vraiment sur la même longueur d’onde : l’envie de faire quelque chose de très personnel au niveau du son, de conserver au maximum l’énergie et l’émotion des « premières prises », l’esprit du live…choses que nous avons beaucoup de mal à faire généralement. On va également entrer en studio avec une grosse part d’inconnu concernant les arrangements et je trouve ça plutôt bien. Garder un côté improvisation, un peu d’instinctif…
Patrice redescend la semaine prochaine.

Il ne nous reste que quelques répétitions avant d’entrer en studio. Nous les consacrons à affiner les tempos des chansons et à valider les derniers petits détails de structure. Il y a quelques changements de dernière minute : « Nouvelle Star » par exemple était un morceau dont nous n’étions pas entièrement satisfait et puis les derniers concerts nous ayant amené à le jouer « acoustique » nous nous sommes rendus compte qu’il sonnait beaucoup mieux avec une base de guitare sèche. Il gagne en personnalité, en énergie… bonne nouvelle.


Nous travaillons également beaucoup sur les images, pour une éventuelle partie vidéo du CD (ou du double CD…). Outre Cameron Diaz, nous avons prévu un making off de l’enregistrement et puis un projet de clip pour « J’empire » se précise.
Avec Manu et Jean-Christophe, nous sommes allé visiter la Demeure du Chaos à Couzon au Mont d’Or (www.salamanderspirit.org) qui servira de décor. Thierry Hermann, le propriétaire des lieux a l’air motivé sur le projet. On réfléchit actuellement au scénario mais je crois vraiment que ça va avoir de la gueule.


Et puis dimanche, je vais voter oui. C’est peut-être pas très rock’n roll, mais, après longue réflexion, je crois que c’est la bonne solution. L’Europe n’est pas vraiment prète pour la révolution et je suis sûr que, si le non l’emporte, les vainqueurs ne seront pas ceux que l’on croit. Voilà, j’avais promis…

08/06/05

 

Je chante avec une petite cuillère devant mon micro. Une petite cuillère plantée là, toute droite, face concave tournée vers moi. Je ne sais pas à quoi ça sert, c’est Patrice qui l’a mise là. J’ai du chanter trente seconde à peine, et puis il a dit stop et il est arrivé avec sa petite cuillère. Je sais que j’ai une voix pas facile à enregistrer, mais là, quand même… En plus ce ne sont que les chants témoins. Qu’est-ce qu’il va me sortir pour le définitif ?
Une petite cuillère… Christophe a tout de suite dit que c’était pour que je puisse chanter en yaourt, arf arf arf…
Tout ça pour dire que le studio a commencé dans une bonne ambiance. Enfin le studio, je me comprends. A première vue, on se croirait plus à Ground Zero qu’à Abbey Road.


Sébastien a eu quelques petits retards dans ces travaux de réaménagement du studio. Résultat : on a débarqué dimanche dans un chantier hallucinant. Des gravas partout, de la poussière, des morceaux de placo et de ferraille, des trous dans les murs. Un bordel innommable. Là, on avait deux solutions : soit repousser les dates de studio (ça ,ce n’était pas possible vu que les Noz ne sont JAMAIS en retard dans leurs engagements), soit la jouer «Surprise sur prise» : «en quelques heures, notre joyeuse équipe va transformer ce lieu de désolation en superbe studio d’enregistrement».
On a pris l’option deux bien sûr. D’abord parce que je fait 100% confiance à Patrice. S’il dit «ça va le faire» c’est que ça va le faire. Ensuite parce que je pense (et c’est, je crois, le sentiment général) que la particularité du lieu peut créer une véritable ambiance, donner à l’album ce petit supplément d’âme, le Graal des musiciens.


Pour l’instant ça marche. Ca marche même carrément bien.
Le son des basses-batteries a l’air de satisfaire tout le monde. Alex et Tof ont enquillé trois titres hier soir sans sourciller (L’ami américain, Nouvelle star puis La valse aux idiots), le climat est là… j’ai l’impression qu’il se passe quelque chose.
Sébastien et Patrice ne sont pas seulement compétents, ils sont aussi super faciles à vivre. Ils font tout pour qu’on se sente bien et qu’on travaille dans la joie et la bonne humeur. Au cas où ça ne suffirait pas, Christophe nous fait des tours de magie façon Garcimore. De temps en temps on fait les crétins (surtout moi) devant la webcam du site de Patrice. On s’amuse bien…

Bon, cette fois c’est parti. Septième traversée du navire Noz. Vu la set-list de mon petit cahier, celle-ci risque d’être un peu plus longue que les précédentes, mais je ne suis pas inquiet. L’équipage est motivé, expérimenté et la barcasse a prouvé qu’elle savait affronter les tempêtes. Arrivée prévue en septembre, si tout va bien.


Il faudra quand même que je demande à Patrice pour cette petite cuillère.

 

Le 05/07/05


Le problème c’est que Patrice, lui, lit mon blog. Et là je ne sais pas comment faire pour ne pas passer pour le mec qui fait de la lèche mais je suis bien obligé de le dire quand même : avec lui, les prises de voix, c’est que du bonheur.

Déjà, il a réussi à dégotter le micro qui tue, enfin en tout cas celui qui correspond à mon style inimitable, puisque visiblement, je ne suis pas un chanteur facile à enregistrer. Tellement bon le micro que je n’ai plus ni petite cuillère, ni stylo devant pour atténuer les sifflantes (ça tout le monde le sait déjà puisque Gallagher a cafté…) Mais bon, ça c’est de la technique et j’avoue que ça me dépasse un peu : je sais juste que Patrice a fait des petits bons de joie quand il a entendu la merveille alors je me dis que ça doit être vraiment bien.


Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel c’est ce qui se passe pendant les séances. La façon dont il me «dirige» artistiquement (je suis sûr que lui préférerait que je dise «conseille»), la façon dont il envisage les textes, l’état d’esprit dans lequel je dois être… Tout cela est très imagé, on parle beaucoup entre chaque prise, je crois qu’on se comprend bien et en plus ça se passe vraiment dans la bonne humeur.
Résultat : je n’ai jamais fait des prises aussi décontracté, aussi serein, aussi «sûr de moi» si j’osais employer ce terme qui ne me correspond pas vraiment. Ca semble facile. Il y a comme une évidence qui se dégage de tout ça. Des voix, mais aussi du reste. J’ai l’impression que Liz ressent la même chose pour ses violons. Je sais que Manu est en totale confiance pour ses guitares.
Je sens aussi que Patrice a l’air de réellement prendre du plaisir dans tout ça et il n’y a pas mieux pour que le groupe se sente bien et donne le meilleur de lui-même.


Et puis il y a déjà eu certain petits moments magiques :
Mercredi dernier, nous avons enregistré les enfants qui chantent sur la fin de « L’état des lieux ». Nath avait bien préparé ça. Les enfants étaient très pros, à peine étonnés d’avoir à chanter « puisque tout doit disparaître entre toi et moi »… Les parents, fiers et intrigués, attendaient sagement derrière… Il s’est passé quelque chose. Le morceau sera une réussite j’en suis sûr.
Nous avons aussi enregistré live «Une journée contemplative». Il faisait très très chaud. Liz et Manu étaient dans la grande salle, les fenêtres grandes ouvertes sur la rue. Nous avons fait quelques prises sans être totalement satisfaits et puis la pluie s’est mise à tomber. Fort.
Alors on a joué à nouveau. Sur les dernières notes du titre, un train est passé comme un miracle pour emporter la chanson. On s’est tous regardé en sachant qu’on avait quelque chose de fort. Tout est sur la bande : la pluie, le train, l’ambiance moite de cette nuit d’été…


Dans un style encore plus torride, Cameron Diaz va tenir toutes ses promesses. C’est très groovy baby tout ça… Et puis ça dégage comme jamais Noz n’avait réussi à le faire. Préparez-vous les filles : on arrive…


26/07/05


Bon, ça rigole moins qu’il y a 15 jours.
Je suis épuisé. Vidé comme jamais. Enfin, je dis ça, je crois que c’était pareil dans la dernière phase d’enregistrement de « l’Homme » mais le temps a ce mérite, chez moi, d’estomper les souffrances et de ne retenir que le plaisir.


Normalement, nous bouclons les prises ce week-end. Autant dire demain. Et évidemment, nous sommes loin d’avoir fini. Nous avons plutôt bien tenu les délais je crois, mais dans les derniers jours, les questions se font plus nombreuses, nous manquons dramatiquement de recul. Il y a des parties (de guitares notamment) que nous devons refaire parce que - tout d’un coup – on se rend compte que ça sonne faux, qu’un instrument était mal accordé et on se dit « mais comment a-t-on pu laissé passer ça ? ».
Après, le doute s’installe : « Damned, my violin neu seurai pas un peuw fauw aussi ? ».
Mais non Liz, tout va bien, on a juste un peu the head in the ass après deux mois de studio sans beaucoup dormir.


Quel est l’imbécile qui a décidé d’enregistrer 18 titres ? On aurait pas pu en faire 12 (plus un morceau caché) comme tout le monde ? Enfin bon, c’est du Noz tout craché, on est comme ça, c’est aussi ce qui fait un peu notre charme non ?
Patrice étant à Paris et Sébastien grandement concentré sur le montage de son court-métrage « La Brésilienne », je me suis retrouvé plusieurs jours derrière la console. Je commence à maîtriser les bases de Protools. J’avoue que ça me plait bien de faire les prises et je crois que ça va me décider à m’équiper pour pouvoir travailler correctement chez moi. Mais c’est une charge de travail supplémentaire que je n’avais pas prévu et qui commence à jouer sur ma santé. Heureusement Alex et Manu sont très présents pour me soutenir et même s’ils sont aussi crevés que moi, ils nous permettent de garder le cap et de continuer à avancer dans de bonnes conditions.


Mise à part la fatigue et l’angoisse de ne pas avoir le temps de faire tout ce que l’on voudrait, l’ambiance est toujours au beau fixe. Vendredi dernier, nous avons fait un barbecue sur la terrasse du studio, avec vue panoramique sur la zone industrielle, la voie ferrée et le viaduc de l’autoroute. Paradoxalement, l’endroit a du charme. Nous reviendrons faire des photos du groupe ici. Bonne soirée qui a permis à tout le monde de décompresser un peu avec un Sébastien déchaîné.
Palandri était là pour mettre de l’ambiance. Voilà un mec qu’il est bien. Je suis content qu’on se soit retrouvé après plusieurs années sans trop se voir. On va sûrement lui faire faire une petite apparition en « guest » sur « Nouvelle star », un titre taillé pour lui.
François de Déjà vu et Julien (Sorel) vont venir aussi chanter sur « Pas sur la bouche » et peut-être « L’ami américain ». Il reste tous les chœurs à faire… Je ne sais pas comment on va y arriver.


Pour nous remonter le moral, Patrice a appelé de Paris pour nous dire que les premiers morceaux qu’il a commencé à retravailler dans son studio sonnent encore mieux que prévu. Il a l’air remonté comme une pendule. Et Patrice, c’est pas du genre à s’enflammer à la légère.
Dans 15 jours, nous sommes à Paname avec lui pour le mixage, avec cette impression d’entrer dans la salle d’accouchement… et que le plus dur commence…

 

01/09/2005

Deux semaines de vacances. L’isolement total. Juste le bruit des vagues (et de temps en temps les cochons sauvages dans la montagne). Sans musique. Je n’ai pas emporté un disque. Même pas les premiers mix. Ca va en faire hurler plus d’un ça. Je viens d’écrire une petite chanson qui s’appelle « la musique n’est pas tout pour moi ». Comme ça, au moins, les choses sont claires.

Et puis j’avais besoin de faire un vrai break avant de ré-écouter tout ça. Fatigué. Le début du mois d’août à Paris a été éprouvant. Pas trop physiquement : le mix, c’est surtout de longues heures à attendre, à regarder les championnats d’athlétisme à la télé, parfois à faire une petite sieste.
Pour ça et pour le reste, le studio « au fond du couloir » de Patrice est terrible. Pas seulement techniquement. C’est aussi un lieu avec une âme où on se sent vraiment bien. On en oublierait presque qu’on est dans une zone industrielle à Aubervilliers.

Enfin, super studio ou pas, ça ne nous a pas empêché de bien nous prendre la tête pour les premiers mix. Après avoir terminé « Maudit manège » et « L’ami américain » on s’est rendu compte qu’on faisait fausse route. Petite différence d’appréciation avec Patrice. On avait beau s’être beaucoup parlé les mois précédant le studio, les mots ne servent pas à grand chose dans ces cas là. Il faut juger sur pièce. Et là, il était clair pour nous que nous n’appréhendions pas le son de l’album de la même façon. Il a donc fallu en parler à nouveau, longuement, tout remettre à plat, retrousser les manches… et repartir à zéro. Et cette fois, je crois que nous tenons « l’esprit » de l’album… en plus je commence à devenir accro du 5.1 avec lequel « le russe » fait des merveilles.

Bon, le mauvais côté des choses, c’est que deux titres seulement sont mixés : « J’empire » et « L’ami américain ». Autant dire qu’il reste un très gros mois de boulot avant que le disque soit terminé. C’est pas grave. On est pas pressé. Et puis je me suis laissé dire que les « fans » avaient quelque peu l’habitude de nous voir dépasser les délais impartis. Ca va me donner l’occasion de remonter à Paris pour faire tout ce que j’ai du zapper en août, faute de temps : voir quelques copains forumeurs et faire des photos dans la gare d’Austerlitz par exemple…


Hier, j’avais laissé mon pied de micro traîner dans mon salon. J’ai surpris mon fils de 5 ans vigoureusement accroché derrière en train d’effectuer un play-back très chorégraphié sur « Come Together » des Beatles. J’étais à la fois fier et soulagé : la relève est assurée. Je vais bientôt pouvoir me mettre à l’écriture de mon livre et retourner à mes vagues et mes cochons sauvages.

 

Janvier 2006-01-17


Trois mois sans blog. Incapacité totale d’écrire ce qui se passe. Ou plutôt ce qui ne se passe pas.
L’automne a été un long calvaire qui a vu le fossé se creuser entre Patrice et nous. On avait cru avoir réussi à remettre les choses dans la bonne direction en septembre, mais nous nous étions trompés. Quelque chose s’était cassé. Profondément.
Pour nous faire plaisir, Patrice avait décidé d’avancer dans la direction que nous souhaitions mais on s’est vite rendu compte que le cœur n’y était pas. Les semaines ont défilé, rien ne venait. Et quand, enfin, quelque chose venait, nous n’étions pas convaincu du résultat. Enorme coup au moral. Toute la dynamique que nous avions cet été s’était évanouie.

Puisqu’il faut continuer dans la métaphore maritime, le navire était planté dans la mer des Sargasses, plus un souffle de vent. Aldo rongeait ses baguettes, Lis commençait à délirer en vieux gallois, même Tof commençait à trinquer avec moins d’entrain… c’était le Radeau de la Méduse.
Et puis un jour, on a vu une voile à l’horizon. C’était un pirate. Au début, avec sa tête patibulaire, on a cru qu’il allait nous asséner le coup de grâce. En fait, il venait nous sauvé.

C’est Sébastien qui a proposé à Pat le Pirate, musicien de la scène « pop électro » lyonnaise, de faire un essai sur un titre. Pat, je le connaissais un peu, je trouvais ses prod intéressantes bien que très éloignées de ce que nous faisons. Mais on a dit « Pourquoi pas ? Essayons… » J’aimais surtout l’idée de confier notre musique à quelqu’un qui ne nous connaissait pratiquement pas, qui n’avait aucun affectif particulier avec le groupe. J’espérais un regard neuf sur notre musique. Et je n’ai pas été déçu. Trois jours après lui avoir passé les fichiers et lui avoir expliqué dans quel état d’esprit nous sentions cet album, Pat nous faisait écouter sa version de « Pas sur la bouche ». C’était ça. Le son brut que nous recherchions, sans fioritures. C’était nous. En tout cas, nous, tels que nous nous sentons actuellement. Le son est agressif, très british, mais le texte reste prédominant et parfaitement intelligible. Je ne pensais pas que l’on pouvait sonner comme ça.

Pat le Pirate au mix, ça s’est donc très vite imposé comme une évidence. Et le moral est revenu avec. Il a pourtant fallu retrousser les manches et repartir à zéro, réapprendre à travailler, à communiquer, avec un producteur différent. Aujourd’hui, je ne crie pas encore victoire mais je sais que l’album va ressembler a quelque chose. A défaut de plaire à tout le monde, « Tout doit disparaître » aura « du chien », une vraie couleur. Et puis tout ça ne remet pas en cause le travail effectué sur les prises. Je n’ai aucun doute sur ce que nous avons mis sur les bandes, sur l’état d’esprit que nous avions cet été et qui transpire dans chaque morceau. Rien que pour ça, merci Patrice.

Je viens de relire les premiers chapitres de mon blog. C’est de moins en moins rigolo tout ça. On dirait une lente descente aux enfers… Dans le genre accouchement difficile, ce disque bat tous les records.
Heureusement on a joué quatre soirs à Thou Bout d’Chant (concerts prévus à l’origine pour fêter… la sortie de l’album…). Ca a été l’occasion de revoir des vrais gens, d’inspirer quatre grosses bouffées d’amour et de se rassurer au moins sur un point : les nouveaux titres sont vraiment biens. Ou alors les vrais gens sont des menteurs.


Suite au prochain épisode.